Une nouvelle cage

Escorté par les gardes, Jaek arriva enfin devant sa cellule. Cela n'avait rien à voir avec la chambre où il avait passé la "seconde journée de sa semaine", mais la prison fédérale l'avait plus ou moins préparé à la suite.

Un des gardes l'accompagna à l'intérieur tandis que l'autre restait à l'entrée, au cas où le rat tenterait quelque chose. Mais il ne tenta rien et se contenta de remercier ses guides de lui avoir montré le chemin de sa nouvelle cage. Comme l'avait annoncé le sous-directeur, un uniforme l'attendait sagement sur le lit du bas. Sans fausse pudeur, le rat se dévêtit pour se changer et plia soigneusement ses anciens habits pour les remettre aux gardes. Ce faisant, il ne se gêna pas pour leur offrir un charmant sourire. Difficile de croire qu'il savait plus ou moins ce qui l'attendait prochainement. Mais sans doute les gardes étaient-ils censés l'ignorer réellemenr pour leur part ?

Peu importait de toute manière, un condamné à perpétuité n'était pas censé sourire de cette manière. Cependant, les deux hommes ne semblèrent pas le remarquer et, comme pendant le trajet entre les deux centres pénitentiaires, ils ne lui adressèrent pas la parole. Ils ne semblèrent même pas réagir à son comportement. Cette passivité commençait sérieusement à taper sur les nerfs du prisonnier qui abandonna son air de gamin pour un regard des plus noirs. D'un coup, il ressemblait plus à un rat d'égout qu'à une souris blanche.

En réaction ou pas à ce regard franchement hostile, les gardes prirent rapidement congé, fermant évidement la cellule derrière eux. Apparement, ce n'était pas l'heure du quartier libre. Jaek fit quelques pas en direction des barreaux de sa cage pour regarder les deux hommes s'éloigner sans se retourner. De loin, il les vit échanger quelques mots et grogna légèrement.

Puis, faisant brusquement volte-face, il embrassa la pièce du regard. Aucun des deux lits n'étaient faits, il en déduisit donc que son co-détenu n'était pas encore arrivé. Il décida de prendre le lit du bas. Sans se prendre la tête, il étala vaguement les draps et couvertures avant de s'y asseoir, les genoux repliés sous son menton.

Il n'avait rien à faire, donc il ne faisait rien. Il attendait. Son co-détenu, l'heure d'ouverture de sa cage, le repas... Il ne savait ni quoi ni combien de temps il attendrait. Mais le rat était patient...

Astyan avait décidé de faire un tour de repérage des lieux et prendre ses marques. Il passait donc pourtant où il pouvait selon sa fonction et les lieux que lui permettaient ses clés. Ses yeux scrutant les lieux pour imprimer tout ça dans sa tête.

Au moment où il passa devant une cellule, il s'arrêta. Son regard était posé sur le détenu des plus étrange. Le personnage avait les cheveux blancs ainsi que la peau.

*C'est humain ça ?!*

Oui parfois il avait des pensées des plus conne qui lui passait par la tête. Il bougea pour être face aux barreaux et contempler à loisir silencieusement, de son regard d'or le personnage.

Le temps passait, mais Jaek ne le regardait pas. Entre deux événements, c'était comme s'il n'y avait rien. Le temps, on ne peut pas le toucher, pas l'arrêter, ni le changer, ni rien. Donc dans l'esprit de Jaek, le temps n'existait tout simplement pas. Ou du moins, il n'en avait pas la même notion que le commun des mortels.

Il entendit Astyan approcher de loin et attendit qu'il passe devant sa cellule, sans bouger. Quand l'homme fut dans son champ de vision, il le fixa de son regard rouge. Le blond, qui devait sans doute être un garde, le regardait comme il aurait regardé un animal en cage. Et c'était bien cela qu'était Jaek... Un rat dans une souricière...

Lentement, il se déplia et se leva pour approcher l'inconnu d'une démarche pas vraiment gracieuse. Depuis le temps qu'il était assis, recroquevillé sur lui-même, les jambes étaient engourdies et comme toujours, il était un peu vouté. Se redressant un peu, il adressa un sourire aimable au gardien.

"Bonjour monsieur."

Toujours silencieux, il observa la personne s'approchait de lui après un petit moment. Il remarqua qu'il avait un peu de mal à marcher. Il devait avoir les jambes engourdi vue comment il était assis.

Une fois tout près de lui, il baissa la tête pour pouvoir le voir. Il avait en plus de ça, les yeux rouges.

*Un albinos.*

Il comprenait mieux son apparence maintenant.

D’une voix calme, il répondit :

"Bonjour toi."

Il se baissa un peu pour mieux observer ces deux iris rouge qu'il trouvait surprenantes.

"Diantre," souffla-t-il.

L'homme n'avait pas l'air méchant en tout cas. Jaek s'approcha encore et attrapa les barreaux de la cellule sans détacher son regard de celui de l'autre. Encore un qui regardait ses yeux écarlates...

"Vous êtes qui ?" demanda-t-il bien qu'il connaisse la réponse. "Vous êtes là pour quoi ?"

En parlant, il pliait et dépliait ses jambes pour les détendre, frottant ses mollets avec le dos de ses pieds nus. Tant qu'il restait dans sa cellule, il n'avait pas jugé utile de mettre ses chaussures.

Il se demandait ce que faisait ce garde ici. Une ronde ? Une promenade ? Venait-il le chercher pour l'emmener quelque part ? Non, ça ne devait pas être ça. Il avait plutôt l'air de quelqu'un visitant un zoo pour passer le temps. L'homme avait vu un animal intéressant et c'était arrêté. Car Jaek ne se perçevait pas lui-même comme un être humain.

Il regarda les traits de son visage, tout en l'écoutant parler.

"Je suis un garde et toi ?"

Il se redressa et continua de le regarder. Il le voyait bouger d'un pied à l'autre. Il semblait vraiment avoir mal aux jambes.

"Je fais un tour, tout simplement."

Ce bonhomme n'avait pas l'air d'être bien méchant à première vue mais il ne devait pas être là pour rien non plus. Il se promit d'aller lire tous les dossiers après. Il passa ses doigts entre ses mains pour les faire craquer.

"Et toi que fais-tu ?"

Il savait que la discussion était un peu nul voir complètement rasoir mais il trouvait que c'était le mieux à faire. Parler de tout et de rien parce que le lieu était déjà beaucoup trop sérieux à son goût. Il n'avait vraiment pas envie de parler de douche, bouffe et autres. Il y avait mieux à faire.

Les lèvres de Jaek s'étirèrent en un sourire malin. Qui il était ? C'était quoi cette question ? Il était de l'autre côté des barreaux, c'était pourtant pas compliqué.

"Hé hé, je suis un fantôme. Je suis ici parce que je suis mort."

Il s'en fichait que la conversation soit nulle, il n'était pas là pour parler dentelle. Le rat fixait toujours le garde en ricanant. Il entendit les os craquer et son regard se dirigea vers les mains d'Astyan.

Ce qu'il faisait ? Que pouvait-il bien faire ?

"Je hante cette cellule parce que celle d'à côté est nulle." continua-t-il sans se défaire de son air moqueur. "Et il est amusant votre petit tour ?"

Son sourire ne lui échappa pas. Il avait un petit air de non innocence. Intéressant. Il l'écouta parler et rigoler. Il le regarda poser son regard son ses mains.

"Un fantôme, intéressant. Tu n'es pas trop convaincant puisque tu ne passes pas à travers les murs."

Heureusement même. Il haussa un sourcil quand il parla de ses mains.

"Mon tour ? Ce n'est pas un tour. Regarde."

Il détendit ses doigts qui se mirent à craquer, tous un par un au fur et à mesure qu'il les tendait. [si c possible puisk je le fai]

"Tu le trouves amusant ?"

Il lui jeta un regard d'or un peu féroce.

Il leva les yeux vers le garde et lui répondit

"Si je hante cette cellule, c'est par choix. Donc je ne passe pas au travers des murs parce que j'en ai pas envie." dit-il avec aplomb.

Apparement, l'homme avait mal compris sa question. Jaek haussa un sourcil franchement railleur.

"Je parlais pas de ça." dit-il avec l'air de parler à un idiot.

Mais il ne reposa pas la question, il s'en fichait de toute manière. Il regarda de nouveau les doigts du blond quand icelui-ci se remit à les faire craquer. Chaque petit bruit sec se transformait en un frisson sur l'échine du rat. Son sourire s'élargit un peu, dévoilant des dents aussi blanches de sa peau.

Tendant la main au travers des barreaux de sa cage, il chercha à attraper la main du garde. Celui-ci était un peu trop loin, il ne pu que l'effleurer.

Il le fixa.

*De quoi il voulait parler alors ?*

Il haussa des épaules. Pas grave. D'un côté il valait mieux que les gens le prennent pour ce qu'il ne valait pas qu'autre chose. Comme ça il pouvait les surprendre de temps en temps et remonter dans leur estime au lieu du sens contraire.

En tout cas, le ton qu'il avait pris ne lui plut pas. Il le regarda tendre la main et effleurer sa peau. Ses dents étaient blanche, tout comme ça peau.

"Tu essayes de faire quoi là ?"

Il aurait bien aimé voir ses mains de plus près, sentir ses os pendant qu'il les faisait craquer. Et ne pouvoir que l'effleurer le fit grimacer. Jaek leva un regard faussement candide vers l'homme et lui répondit gentiment.

"Je voulais vous toucher, pour voir si vous êtes réel. Vous pouvez approcher un peu s'il vous plait ?" demanda-t-il en se collant un peu plus contre les barreaux de la cellule.

"Non," répondit-il.

Se laisse toucher par quelqu'un. Très peu pour lui.

"Je suis bien réel. Cette réponse te suffira pour l'instant."

Il le vit se coller tout contre les barreaux mais ne bougea pas. Il ne chercha pas à faire un pas en arrière. La question de vouloir le toucher était déjà bien assez étrange.

Il contempla de nouveau son visage blanc et ces yeux rouges. Il avait l'impression qu'il venait tout droit de l'enfer avec son physique étrange.

"Mais pourquoi veux-tu savoir si je suis vrai ?"

Il pencha un peu la tête sur le côté gauche.

En réaction au refus net du garde, son regard se transforma. Jaek n'était pas content, vraiment pas. Il n'aimait pas que quelque chose lui soit refusé. Restant silencieux, il se déplaça latéralement sans le quitter des yeux, pour arriver au niveau de la porte de la cellule.

"Mais pourquoi veux-tu savoir si je suis vrai ?" répéta-t-il sur le même ton employé par Astyan précédement.

En parlant, il avait lui aussi penché la tête sur la gauche, en une parfaite imitation du garde. Quand ce petit jeu des imitations durait trop longtemps, il n'était pas rare que même des personnes calmes commencent à dérailler. Et Jaek voulait faire réagir le garde.

Et puis Jaek n'était pas dupe. Il voyait bien le regard que le garde posait sur lui. Il aurait mis sa main au feu qu'il n'aurait pas rechigné à le voir de plus près. L'humain aime bien ce qui est étrange et avec son physique, on pouvait dire que le rat l'était.

Il remarqua le changement d'expression sur son visage et continua de le fixer pendant qu'il bougeait. Il ne broncha pas quand il imita sa voix et encore moins quand il imita son geste. D'ailleurs, il garda sa tête toujours pencher. Bien qu'il donnait l'impression de n'être pas toucher pas la réaction, dans sa tête tout se bousculait. Ses yeux bougeaient, analysant le jeune homme qui essayait de le faire sortir de ses plates bandes en voulant lui taper sur les nerfs.

Il aurait été chez lui, dans sa zone, dans son territoire, il était sûr que ce jeune albinos aurait fini brisé mais il n'était pas chez lui ici. Il était surveillé et ça, personne ne le savait à part ses supérieurs. C'était tout. Juste quelques personnes. Et tout était très bien ainsi.

*Amusant.*

Il ne bougea pas, restant ainsi plusieurs minutes avant de pencher sa tête de l'autre côté, le côté droit. Des mèches de cheveux blonds blancs lui tombèrent un peu devant le regard, cachant la petite flamme qui y naissait.

Puisque l'homme en face de lui ne disait rien, Jaek faisait de même. Il fixait ses yeux mouvants, imitant plus ou moins leurs mouvements. Mais ça, ce n'était pas une chose aisée.

A force d'observer le garde, il parvint à comprendre presque instantanément à quel moment il pencherait la tête de l'autre côté. A peine le mouvement fut-il amorcé que le rat le suivit. Il était patient? Ca prendrait le temps qu'il faudrait. Le garde s'énerverait ou se lasserait et partirait. Dans les deux cas, Jaek serait satisfait.

Il fallait qu'il trouve ses marques dans cette nouvelle cage, qu'il montre qu'il était là. Il n'était pas du genre qui ne fait que passer. Le rat mourrait entre ces murs, il le savait. Mais il ne voulait pas y disparaitre. Il voulait qu'on se souvienne de lui, d'une manière ou d'une autre. Il ne se voyait certe pas comme un être humain, mais il ne voulait pas être ignoré pour autant.

Il remarqua qu'il essayait aussi d'imiter le mouvement de ses yeux. Ca le fit sourire intérieurement. Il n'était pas le seul à observer on vis-à-vis.

Comme il s'y attendait, il bougea sa tête en même temps que lui. Il resta ainsi, attendant. Il profita de sa position pour se laisser aller à son occupation favorite. Ecouter. Penser.

Il écouta donc. Il sentait la chaleur des lieux sur sa peau. Il entendait la respiration des prisonniers qui était plus ou moins lourde selon la force physique du personnage. Mais aussi le bruit d'eau de certaines robinetteries mal en point. De toux étouffés. De bruit de pas et des cartes de jeux qui se frotte.

Dans tous les sons qu'il entendait il y ressentait la mort, la destruction, la haine, la violence, une atmosphère d'esprit perdu ou malade. Ca puait. Il n'y avait rien d'autre à dire. Même chez lui dans les pires quartiers il n'y avait pas cette odeur. Il en aurait bien craché mais il ne fit rien. Il ne bougeait pas. Aussi immobile qu'une statut.

Mais si on prenait la peine d'observer son regard, on verrait que leur couleur d'orée avait perdu un peu de leur vie. Signe que son esprit était ailleurs mais comme ses cheveux étaient devant, le prisonnier ne pouvait rien voir.

Il revint un peu à lui et fit une légère observation. Lui non plus ne semblait pas avoir bougé.

Le gardien ne bougea pas d'un pouce pendant de longues minutes. Son regard deumeurait invisible derrière ses méches blondes, au grand déplaisir de Jaek qui aurait bien aimé le voir. Mais quelque part, c'était sans doute mieux que le rat ne puisse pas constater que le garde ne faisait finalement pas tellement attention à lui.

Les bruits ambians, Jaek les entendait sans y prêter réellement attention. Il venait de passer quelques heures, sans doute, avant le passage du garde, à écouter. Non, à l'instant, il fixait l'homme, sans cligner, ou à peine.

Et puis brusquement, il eut envie de changer les règles de son propre jeu.

"HOU !!" s'écria-t-il d'une voix forte avant de se mettre à ricaner.

Un frisson le parcourut quand il cria mais il ne tressauta pas. Il se contenta de le regarder en silence.

*On dirai un enfant.*

Sans crier gare, il s'approcha rapide comme un félin et cria :

"BOUH !" de sa voix de stentor.

Puis il reprit sa place comme ci de rien n'était mais il avait le sourire aux lèvres. Il n'avait pas put s'en empêcher. C'était plus fort que lui. Il avait l'impression de jouer avec un animal. Et quel drôle d'animal mes amis puisque la bête en question, n'est autre qu'un humain.

"Claque pas tout de suite mon poulet."

Vu le temps qu'il venait de passer à observer le garde, Jaek comprit tout de suite qu'il allait approcher et n'en fut donc pas surprit. Par contre, il n'avait pas prévu qu'il crie lui aussi. La voix du blond fut forte, plus forte que sa petite voix de rongueur, et sans vraiment sursauter l'albinos eut un bref mouvement de recul. Son rire se tut un instant, pour ensuite reprendre de plus belle. Il s'approcha de nouveau des barreaux et les reprit en main.

"Vous êtes marrant." commenta-t-il. "C'est quoi votre jeu préféré ?" demanda-t-il avec un sourire un tantinet vicieux.

Il fut contant de lui. Le jeune homme recula un peu avant de revenir se coller aux barreaux. En fait il était assez facile de l'avoir. Il fallait être patient. Par contre il n'aimait pas son rire. Trop aigue pour ses oreilles. C'était un son affreux sans aucune grâce. Aucune vie. Rien. La mort.

Il écouta sa question et garda le silence un bref instant avant de parler :

"Et toi quel est ton jeu préféré ?"

Il contempla son sourire. Il ne l'aimait pas non plus. Il avait quelque chose de pas net. Sa question devait cacher quelque chose. Il mit ses mains dans ses poches.

Sans se défaire de son air moqueur, il répondit :

"Le Trivial Poursuit."

Il n'y avait jamais joué, mais il savait que ce jeu existait. Il avait vu la publicité à la télévision. Car quand son maître n'était pas là, il avait le droit de la regarder pour s'occuper. Heureusement, ils avaient beaucoup de chaines et Jaek avait ainsi apprit beaucoup de choses...

"Mais toi, t'as pas répondu." fit-il remarquer.

Il était passé au tutoiement sans s'en rendre compte vraiment. Quand il vouvoyait, c'était souvent d'un air narquois. Le tutoiement était plus... naturel chez lui.

Un rire de gorge monta quand il entendit sa réponse. Il l'avait surpris sur ce coup ci.

"Très bien. Je m'en souviendrai."

Il en avait le sourire aux lèvres. Il était assez marrant ce petit.

"C'est exacte. Je n'ai pas répondu parce que je n'ai pas de jeu favori... Mais peut être qu'un jour je viendrai jouer avec toi," fit-il d'une voix ronronnante.

Le jour où il jouerait avec lui n'était malheureusement pas encore arrivé. A moins qu'il trouve le sujet qui le faisait sortir de ses gons. Alors là, il jouerait avec lui mais sinon ce n'était pas trop son truc. Il avait vue trop de monde dans sa vie se faire manipulé pour en avoir envie à son tour.

*Tu auras intérêt à être prêt le jour J.*

Le visage de Jaek s'éclaira visiblement et ses yeux brillèrent.

"On jouera, on va s'amuser." souffla-t-il.

Il espèrait que le garde tiendrait parole. Il n'était pas le seul garde dans cette prison, mais il avait l'air calme. Alors l'albinos voulait savoir de quoi il était capable en réalité.

"J'aime jouer." ajouta-t-il en se passant discrètement la langue sur les lèvres d'un air bizarrement gourmand. Le jeu promettait d'être intéressant, le garde avait l'air de l'aprécier. C'était toujours mieux quand on s'apréciait...

Un grand sourire se dessina sur ses lèvres. L'expression du prisonnier avait changé du tout au tout et il ne l'avait pas loupé. Ainsi que cette petite langue rouge qui passa sur ces lèvres. Quelle charmante créature.

"C'est ce que je vois. Peut être que j'aimerai jouer avec toi mais qui sait..."

Il haussa des épaules. Jouer, jouer. Il ne semblait avoir que ça à la tête le petit. Mais tant que lui n'avait pas envie de jouer dans son jeu, il n'aurait pas grand chose.

Il se pencha pour être à hauteur de ces yeux et plonger dans cet océan de sang.

"Sauras-tu être à la hauteur, le moment venu ? Seras-tu capable de me donner envie de jouer ? Seras-tu me donner le plaisir que je veux ? J'en doute..."

D'un côté il devait avouer que c'était amusant de faire espérer cette petite bête, qu'ils joueraient ensemble un jour. C'était amusant, voir risible de parler de ça. Il avait l'impression de jouer, lui faisait danser une sucette devant son nez et lui retirer quand il tendait les bras. Il ne se savait pas aussi joueur, voir sadique. D'un côté, il était tombé dans son jeu.

Il se redressa.

Oui, Jaek n'avait que le jeu en tête. Il avait passé sa vie à jouer, contre son grés ou pas. Parfois, il avait amusé malgré lui. C'était au début, ça. Maintenant, il savait trouver de la distraction là où avant, il n'en voyait pas.

Il savait que sa vie n'était pas "normale", mais lui n'avait connu que ça. Le rat n'était jamais allé à l'école, il n'avait jamais cotoyé de personnes de son âge. Il était resté dans la chambre de son propriétaire, ayant parfois le droit d'en sortir pour marcher dans la maison, mais c'était à peine s'il avait vu le jardin. Sa vie n'avait toujours été qu'enfermement et douleur... n'avait toujours été que "jeu"...

Jaek fixa Astyan et lui répondit.

"Tu choisira les rêgles que tu voudra. Si tu ne t'amuse pas, ce sera ta faute, pas la mienne."

Même si leur rencontre n'était pas vraiment physique pour l'instant, du point de vue du rat, le jeu avait bel et bien commencé. Il aimait réveiller les instincts sadiques de ses "amis". Chaque être humain posséde sa part de sadisme, tout comme il posséde aussi sa part d'égoïsme. Et Jaek se faisait un plaisir de révéler cette face cachée, qui faisait tellement honte au "bon samaritain".

» Un rat enfin mis en cage